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Le titre-restaurant , aujourd'hui incontournable dans la vie de millions de salariés, n'a pas toujours été le pilier des avantages sociaux qu'il est devenu. Né d'une idée audacieuse pour booster la fréquentation des restaurants et inspiré par des pratiques britanniques, il a traversé les décennies en s'adaptant aux changements économiques et technologiques.
Du simple ticket papier au paiement numérique via smartphone, le titre-restaurant a évolué pour répondre aux besoins des entreprises et des employés. Découvrez comment cette petite révolution a changé notre façon de déjeuner et continue de s’adapter à notre époque en pleine mutation.
Les origines historiques des proto-titres-restaurant
Bien avant l’apparition des titres-restaurant tels que nous les connaissons, plusieurs systèmes similaires ont été mis en place à travers le monde. Dans l'Angleterre du XIXe siècle, des bons alimentaires étaient distribués dans certaines usines, pour permettre aux ouvriers de s'acheter de la nourriture pendant leurs pauses.
De la même manière, en France , à la fin du XIXe siècle et au début du XXe siècle, certaines entreprises adoptaient une approche paternaliste, en offrant des repas ou des bons aux employés pour assurer leur bien-être et leur productivité.
Les bons de rationnement pendant les guerres mondiales constituent un autre exemple de mécanismes qui ont inspiré les titres-restaurant. Ces bons distribuaient de manière centralisée des ressources alimentaires à ceux qui en avaient le plus besoin. Bien qu’ils aient été créés dans des circonstances spécifiques, ces systèmes reflétaient une organisation similaire : garantir l'accès à la nourriture à travers un système de bons non-monétaires.
La naissance officielle du titre-restaurant : le contexte historique des années 1950
Le Royaume-Uni en 1954 : les Luncheon Vouchers
Le premier système officiel de titres-restaurant a vu le jour au Royaume-Uni en 1954 avec l’apparition des Luncheon Vouchers . Lancés par John Hack à une époque où la majorité des entreprises ne pouvaient pas offrir de services de restauration sur place, ces vouchers étaient une solution pratique. Ils permettaient aux employés d'aller déjeuner dans des restaurants ou établissements partenaires, tout en bénéficiant d'une subvention de la part de l'employeur. Ce système est devenu un modèle à suivre pour d’autres pays.
La France en 1962 : l’initiative de Jacques Borel
En France , l’initiative revient à Jacques Borel en 1962. Restaurateur ambitieux, Borel cherchait à dynamiser son restaurant situé près des Champs-Élysées. S'inspirant des Luncheon Vouchers britanniques, il commença à proposer aux entreprises locales des bons repas à échanger contre des repas dans son restaurant. Son initiative prit rapidement de l'ampleur. Après plusieurs années de lobbying intense , Borel obtint en 1967 un cadre législatif favorable. Cette législation faisait du titre-restaurant un avantage social avec des exonérations fiscales à la clé pour les entreprises.
L’essor et l’évolution des titres-restaurant en France
Une croissance rapide entre les années 1960 et 1980
Le titre-restaurant connut une expansion rapide en France dans les années 1960 et 1970 . Son adoption massive par les entreprises répondait aux besoins grandissants de financements pour les repas des salariés, tout en offrant des avantages fiscaux aux employeurs.
En 1976 , la Commission Nationale des Titres-Restaurant (CNTR) fut créée pour encadrer et réguler l’utilisation de ces titres. Le succès de ce dispositif s'est rapidement répandu, car il profitait à toutes les parties : salariés, employeurs et commerçants.
Des tickets papier aux cartes prépayées
Les titres-restaurant ont d’abord existé sous forme de tickets papier , un support simple mais efficace. Ces tickets, produits par des entreprises comme Edenred , Sodexo , Natixis ou Up (anciennement Chèque Déjeuner), étaient distribués aux salariés et pouvaient être utilisés dans des restaurants ou commerces alimentaires. L'évolution vers les cartes prépayées a débuté au cours des années 2000 , une première étape vers la digitalisation complète.
L’évolution des appellations
Au fil du temps, les titres-restaurant ont pris plusieurs formes et noms. On les connaît sous des appellations comme Ticket Restaurant , Chèque Déjeuner , Chèque de Table ou encore Chèque-Repas . Cette diversité d’appellations reflète l’adaptation du produit à différents contextes commerciaux, mais le concept sous-jacent reste toujours le même : faciliter l’accès des salariés à des repas équilibrés.
Le passage au numérique : vers la dématérialisation des titres-restaurant
La montée en puissance des solutions numériques (2000-2010)
Avec l'avènement du numérique, les titres-restaurant ont progressivement commencé à évoluer vers des solutions digitales. Dès les années 2000 , des cartes prépayées ont été mises en place pour remplacer les carnets de tickets papier. Ces cartes offraient une utilisation plus flexible et permettaient aux salariés de suivre plus facilement leurs dépenses, tout en offrant une meilleure traçabilité aux entreprises.
La généralisation de la dématérialisation (2020-2026)
La crise sanitaire de COVID-19 en 2020 a accéléré la transition vers le tout numérique, le besoin de réduire l’utilisation des supports papier étant devenu plus pressant. Le gouvernement français s’est fixé début 2026 pour une dématérialisation complète des titres-restaurant.
Cette évolution vise à simplifier la gestion administrative, améliorer la traçabilité, réduire les coûts de production et lutter contre la fraude. Les solutions actuelles incluent des applications mobiles , des cartes sans contact et des paiements via smartphone .
L’impact économique et social des titres-restaurant
Un soutien essentiel à la restauration
Le rôle des titres-restaurant dans le soutien à l’industrie de la restauration est indéniable. En 2022 , ils représentaient un marché de 8,5 milliards d’euros , une part non-négligeable des transactions effectuées quotidiennement dans les restaurants et commerces alimentaires (source : ministère de l’Économie ).
Les avantages pour les salariés et employeurs
Pour les entreprises, les titres-restaurant sont un moyen d’offrir un avantage social, tout en bénéficiant d'exonérations fiscales. Pour les salariés, c’est une solution permettant un meilleur accès à des repas sains. Ces titres sont souvent perçus comme un élément clé de la qualité de vie au travail et comme favorisant le bien-être des salariés.
Les critiques émises contre le titre-restaurant
Malgré leur succès, les titres-restaurant sont parfois critiqués. Certains reprochent les plafonds de dépense ou encore les restrictions sur les jours d’utilisation (exemple : impossibilité de les utiliser le week-end dans certains cas).
De plus, l’élargissement de leur usage à d’autres types de commerces (supermarchés, boulangeries) a suscité des débats sur la perte de leur vocation première : encourager les repas pris au restaurant.
Les faits marquants dans l’histoire des titres-restaurant
Les principales réformes législatives et réglementaires (2010-2020)
Les titres-restaurant ont fait l’objet de nombreuses réformes législatives, notamment :
- La digitalisation des titres-restaurant dans les années 2010 a marqué un tournant décisif dans leur évolution. Ce passage aux cartes électroniques et aux paiements mobiles a permis une utilisation plus souple, tout en réduisant les fraudes et en simplifiant la gestion pour les entreprises.
- L'augmentation du plafond journalier à 38€ en 2020 durant la pandémie a permis d’adapter leur usage à la situation exceptionnelle.
- Initialement réservés aux jours ouvrables, les titres-restaurant ont pu être utilisés les week-ends et jours fériés durant la pandémie en 2020 pour soutenir les restaurateurs. Bien que cette mesure soit revenue à un usage en semaine, elle a marqué un assouplissement temporaire important.
- En 2022, leur utilisation a été étendue aux supermarchés et autres commerces alimentaires . Cette mesure a été introduite pour soutenir le pouvoir d'achat face à l'inflation. Initialement temporaire, elle devait prendre fin en décembre 2023, mais a finalement été prolongée jusqu'à fin 2024.
Les changements à prendre en compte en 2024
Voici les principales évolutions qui ont impacté le titre-restaurant en 2024 :
- Augmentation du plafond URSSAF : Depuis le 1er janvier 2025, le plafond URSSAF pour la part patronale des titres-restaurant a été augmenté à 7,26 € . Cela permet aux employeurs d’accroître leur contribution, sans charges sociales supplémentaires. Le pouvoir d'achat des salariés pour leurs repas quotidiens s’en trouve augmenté.
- Prolongation de la mesure anti-inflation : La loi a prolongé jusqu’à fin 2026 l’utilisation des titres-restaurant pour tous types de produits alimentaires, y compris les denrées non-consommables immédiatement (comme les pâtes et le riz). Cette mesure apporte une flexibilité importante face à l'inflation.
💡 Bon à savoir : Le plafond journalier à 25€, en vigueur depuis 2022, est maintenu en 2025.
À retenir sur l'histoire des titres-restaurant
Le titre-restaurant a su évoluer au fil des décennies, s’adaptant aux nouveaux besoins des salariés et des entreprises. De sa forme papier à la dématérialisation complète prévue d’ici 2026, il est devenu un avantage social incontournable, offrant toujours plus de flexibilité et de sécurité. Les réformes récentes, face à l’inflation, ont renforcé son rôle en permettant l’achat de produits alimentaires variés, faisant du titre-restaurant un véritable levier de pouvoir d’achat.
À l’ère du numérique, cet outil continuera de s’adapter, avec des innovations à venir qui promettent de rendre son utilisation encore plus simple et connectée (notamment en servant de l’intelligence artificielle et de la Blockchain). Il est à la fois un allié fidèle pour les salariés, mais aussi un soutien de l’économie de la restauration.
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L'équipe
Swile est une worktech française qui propose une carte de paiement et une appli pour les avantages sociaux. L'entreprise a été fondée en 2017 par Loïc Soubeyrand et son siège social se trouve à Montpellier, en France.