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Vous partez en déplacement professionnel. Vous avez votre carte titre-restaurant dans la poche… et en plus, votre entreprise vous rembourse les repas. Double avantage ? Pas si vite.
C’est une question qu’on se pose souvent. Après tout, les deux permettent de payer le déjeuner : les titres-restaurant d’un côté, le remboursement de frais de l’autre. Alors pourquoi ne pas cumuler les deux, quand on est en déplacement pro ?
La réponse, elle, ne laisse pas place au doute. L’URSSAF est très claire : on ne peut pas cumuler un titre restaurant et un remboursement de frais pour un même repas.
Pourquoi ? Et comment appliquer la règle sans faux pas ? On vous explique tout, sans détour.
Titres restaurants et frais de repas : deux dispositifs… pas si compatibles
À première vue, titre-restaurant et remboursement de repas couvrent le même besoin : celui de déjeuner à l’extérieur. Mais en réalité, leur logique est très différente.
Le titre-restaurant est un avantage social. Il est co-financé par l’employeur et le salarié, et sert à couvrir le coût du repas pendant une journée de travail classique, incluant une pause déjeuner. Il est encadré par des règles strictes et ne constitue pas un complément de salaire.
L’indemnité de repas, elle, relève d’un tout autre registre. Elle entre dans la catégorie des frais professionnels. Quand un salarié est en déplacement et ne peut pas rentrer chez lui ni accéder à un restaurant d’entreprise, il est contraint de se restaurer à l’extérieur. L’employeur prend donc en charge cette dépense, via une indemnité forfaitaire ou un remboursement sur justificatif.
Deux dispositifs, deux logiques. Mais un même usage : financer le repas du midi. Et c’est là que la confusion s’installe. Si l’on utilise les deux pour financer le même repas, est-ce vraiment problématique ? Peut-on cumuler les deux ? Spoiler : non. Et voici pourquoi.
Peut-on cumuler remboursement de repas et titre-restaurant ? Non, et voilà pourquoi
Peut-on cumuler remboursement de repas et titre-restaurant ? La réponse est non. Il est formellement interdit par l’URSSAF de cumuler titre-restaurant et remboursement de frais, pour un même repas, que ce soit sous forme de note de frais ou d’indemnité forfaitaire.
Pourquoi ? Parce que les deux dispositifs ont le même objet : financer le repas du salarié. Or, pour l’URSSAF, on ne peut pas financer deux fois une seule et même dépense.
En clair, cumuler les deux revient à verser un double avantage. Et ça, c’est assimilé à un avantage en nature. Résultat : en cas de contrôle, l’entreprise s’expose à un redressement, avec des cotisations sociales à payer sur la valeur des titres concernés.
Concrètement, comment appliquer la règle du non-cumul ?
C’est simple : chaque repas remboursé = un titre restaurant en moins. L’entreprise doit donc retirer un titre pour chaque journée de déplacement indemnisée.
Deux façons de faire :
- soit en déduisant la valeur du titre sur le bulletin de paie du mois,
- soit (cas le plus fréquent avec les cartes) en ajustant le nombre de titres crédités le mois suivant.
L’important, c’est que la règle soit suivie scrupuleusement.
Le cas particulier : et si le repas n’est pas remboursé ?
Si l’entreprise ne prévoit aucun remboursement de repas pour certains déplacements, alors il n’y a pas de cumul. Le salarié paie son déjeuner lui-même, il garde donc pleinement droit à son titre-restaurant pour la journée.
Une fois la règle comprise, encore faut-il l’appliquer correctement. Et c’est souvent là que le doute s’installe : remboursement, pas remboursement, titres resto, pas titres resto… Bref, les erreurs arrivent vite.
Pour éviter les confusions, on vous a préparé un tableau récapitulatif. Il reprend les situations les plus fréquentes et vous indique, pour chacune, ce qu’il est possible de faire, ou non.
Les cas les plus fréquents, en clair
- Une journée classique au bureau : le salarié n’est pas en déplacement, il ne se fait pas rembourser son repas, donc il a droit à un titre-restaurant. Classique.
- Un déplacement avec note de frais : le salarié paie son déjeuner à l’extérieur, se fait rembourser sur justificatif. Il n’a donc pas droit au titre-restaurant ce jour-là.
- Un déplacement avec indemnité forfaitaire : même logique. Le repas est pris en charge par l’entreprise (même sans justificatif), donc pas de titre-restaurant.
- Un déplacement sans remboursement : si l’entreprise ne couvre pas les repas pour ce type de mission, alors le salarié peut conserver son titre-restaurant, puisqu’il paie son déjeuner lui-même.
- Et enfin, le cas à éviter absolument : le cumul des deux. Si l’employeur rembourse le repas et laisse un titre-restaurant pour le même jour, l’URSSAF considère qu’il y a un double avantage. L’entreprise s’expose à un possible redressement.
Voici le tableau récapitulatif, qui condense tout ce qu’il faut retenir :
Situation | Remboursement frais de repas | Droit au titre restaurant | Conforme ? |
---|---|---|---|
Lundi : journée de travail au bureau | Non | Oui | Oui |
Mardi : Déplacement, note de frais restaurant remboursée | Oui | Non | Oui |
Mercredi : déplacement, versement d’une indemnité forfaitaire | Oui | Oui | Oui |
Jeudi : Déplacement, repas remboursé et titre non retiré | Oui | Oui | Non conforme |
Vendredi : Déplacement, aucun remboursement repas prévu | Non | Oui | O |
L’erreur à ne pas faire : laisser le flou s’installer
Le vrai risque, ce n’est pas tant la règle en elle-même. C’est le flou autour de son application.
Sans consigne claire, chacun y va de sa propre logique, les erreurs s’accumulent… et les redressements URSSAF aussi.
Mais c’est aussi une question d’équité. Certains salariés peuvent avoir l’impression qu’ils y perdent, ou que d’autres y gagnent. Et ça, c’est rarement bon pour l’ambiance.
La bonne pratique : formaliser la règle, la diffuser à toute l’équipe, et l’intégrer aux process de paie et de remboursement.
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En conclusion : un repas = un seul avantage. C’est la règle d’or. Soit le titre-restaurant, soit le remboursement de frais, mais jamais les deux en même temps.
Cette règle de non-cumul ne relève pas seulement du bon sens comptable : c’est une obligation légale. Et surtout, c’est ce qui garantit une gestion équitable et conforme pour l’ensemble des salariés.
La gestion des repas n’est qu’un volet parmi d’autres. Pour une vue d’ensemble, consultez notre Guide complet sur le remboursement des frais de déplacement professionnel.
Écrit par:
Julie Merrer
Juriste en droit des affaires et droit du travail